Outre-mer
Ce bleu intense, azur, tirant sur le violet, en dit long sur le dégradé de couleurs qui nous attend dans les Antilles Françaises. Les fameux territoires ultra-marins, dont les statuts ont évolué au fil de l'Histoire et au gré des spécificités de chacun, font voyager rien que par leurs noms, évocateurs de contrées lointaines. Et d'évasion, par les temps qui courent, on en a besoin.
La Martinique fait partie de ces 12 territoires périphériques français, dépendants du Ministère des Outre-Mer. Saurez-vous citer les autres?
Guadeloupe, oui. Saint-Pierre-et-Miquelon, en effet. Saint-Barth, oui pour Johnny, bien sûr.
Allez, on vous aide, les outre-mer rassemblent 12 territoires rattachés à la France: la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, La Nouvelle-Calédonie, La Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres Australes et Antarctiques Françaises et les îles de Wallis-et-Futuna, soit près de 2.6 millions d’habitants.
Ainsi, bien que nous soyons à plus de 7000km de chez nous, en allant en Martinique, nous avons le sentiment de rentrer un peu à la maison. Fini le dépaysement le plus total en allant à l'étranger, avec son lot de surprises administratives, culturelles et linguistiques: ici, nous revenons en terrain connu, où la Sécu, La Poste et les boulangeries sont de retour.
Cela dit, nous rentrons dans la France qui n'est pas tout à fait la France, car l'hexagone est d'ici qualifié de “Métropole”. Nous sommes donc des “métros” en vadrouille, qui allons découvrir des similitudes mais surtout des différences avec la France gauloise telle que nous la connaissons. La culture créole, par ses multiples influences africaines, indiennes et européennes, n'a pas fini de nous surprendre par son art de vivre, ses surprises culinaires et ses couleurs chatoyantes. Avant de vous faire goûter en images à ces saveurs tropicales, faisons un rapide détour contextuel.
Un peu d'histoire…
Surnommée Madinina (l'île aux fleurs), la Martinique est rentrée dans l'histoire européenne avec la découverte de l'île par Christophe Colomb en 1502. C'était le jour de la Saint-Martin, d'où le nom de Martinique.
Anciennement habitée par des peuples premiers (les Amérindiens puis les Caraïbes), l'île devient en quelques décennies une colonie de peuplement française, suite à plusieurs chamailleries avec l'Angleterre pour sa possession. Sous Richelieu, l'intérêt est avant tout stratégique et militaire. Il évolue vite vers un intérêt économique pour le Royaume de France: l'île devient l'usine à sucre de la France sous Colbert, forgeant ainsi le destin de la Martinique jusqu'à aujourd'hui. Le succès de l'or blanc antillais est à l'origine de la mise en place d'une organisation socio-économique basée sur l'esclavagisme, main d'œuvre importée d'Afrique dans le cadre du commerce triangulaire Europe-Afrique-Antilles, pour cultiver la canne à sucre.
Lors de nos premières balades, nous sommes frappés par la place qu'occupe “encore” l'esclavagisme sur les grands titres des journaux. De notre point de vue de “métro”, de couleur blanche à fortiori, il est tentant de dire “Hé ho, les gars, c'est du passé, il faut avancer maintenant”. En s'intéressant aux faits historiques et à quelques données socio-économiques actuelles, nous constatons que ce n'est pas si simple. Et qu'une fois de plus, on ne peut pas juger ce qu'on n'a pas vécu. La question de l'esclavagisme est un sujet encore brûlant car il est à la source de nombreuses inégalités actuelles. Tout au long de notre séjour, nous découvrons que l'héritage postcolonial est une plaie encore à vif, et que l'on ne peut comprendre la Martinique d'aujourd'hui sans s'intéresser à son passé tourmenté.
Pour la faire vraiment courte, de ce que nous comprenons, en plus du traumatisme transgénérationnel de l'esclavage, vécu collectivement et individuellement, l'abolition de l'esclavage par Victor Schoelcher en 1848 n'a pas été accompagnée d'une juste redistribution des terres pour les affranchis. La manière dont s'est passée l'abolition puis la décolonisation est en fait à la source des inégalités criantes d'aujourd'hui. Les békés, héritiers des premiers colons français, restent les principaux détenteurs des terres et gardent historiquement la mainmise sur les activités économiques: les plantations, la grande distribution, le tourisme, l'eau. Moins d'1% de la population détiendrait plus de 50% des terres agricoles, 90% de l'industrie agroalimentaire. Les faits sont parlants, ne justifient pas tout bien sûr, mais éclairent sur la difficulté à gommer le passé.
Heureusement, nous constatons aussi dans la rue que la ligne Maginot Blancs / Noirs a tendance a se tasser par la mixité des couples qui se constituent. Le métissage est l'avenir d'un futur plus apaisé, espérons-le.
Rentrer en France au temps du Covid
En quittant les Grenadines, nous mettons cap vers le Nord pour rejoindre la première collectivité d'outre-mer française sur notre route: la Martinique. Il est d'usage, pour des contraintes météo, de remonter le plus vers le Nord des Antilles avant d'entreprendre la transatlantique retour. Nous préparons donc notre venue en Martinique, en nous plongeant comme à chaque nouvelle entrée dans un pays sur les formalités administratives.
Car oui, rentrer en France signifie renouer avec les joies de l'administration française, ma foi plus capricieuse et tordue que toutes celles auxquelles nous avons eu affaire cette année. Les conditions d'accès ne sont pas simples, avec l'interdiction d'entrer sur le territoire, sauf motif impérieux, dont la validité est laissée à la libre appréciation du douanier qui voudra bien lire notre requête. Les informations officielles de la Préfecture laissent entendre un durcissement des conditions d'entrée, même quand on est sur zone et en bateau. Notre autorisation de rester aux Grenadines touchant à sa fin, nous comprenons que nous pouvons nous retrouver sans terre d'accueil, si jamais nous nous voyons refuser l'accès à notre propre territoire. Cela nous semble absurde…
Car oui, aller des Grenadines à la Martinique signifie “rentrer chez nous”, en tant que citoyens français, ce qui bien sûr ne dispense pas de montrer patte blanche pour accéder au territoire. En ces temps d'épidémie, cela nous semble normal. Cela l'est moins lorsque l'on comprend que l'accès peut nous être refusé si l'on n'a pas de motif impérieux satisfaisant aux yeux de l'administration, quand bien même nous sommes prêts à nous plier aux contraintes d'isolement et de test prévues pour notre arrivée.
Heureusement pour nous, préparer son bateau pour une transatlantique retour est un motif finalement déclaré acceptable pour le CROSS AG (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage Antilles-Guyane), pourvu que l'on prouve faire tourner l'économie de l'île en montrant un devis ou une commande... Nous jouons le jeu, même si les pros du nautisme vont commencer à en avoir marre de ces plaisanciers qui demandent des devis pour des travaux qu'ils n'ont pas besoin d'effectuer.
Nous recevons l'autorisation officielle de rejoindre le mouillage du Trou à Cyclones numéro 2, zone de quarantaine du Cul de Sac du Marin, pour 7 jours de quarantaine. Un test PCR est prévu à J+1 et à J+7.
Quelle n'est pas notre surprise, en arrivant sur zone de bon matin, lorsque nous constatons que nous pouvons finalement nous mettre où nous voulons - et certainement pas au trou à cyclones réputé pour sa mauvaise tenue de fonds et pour son éloignement du ponton à annexes - et que ces mesures si restrictives sur le papier n'ont aucune application concrète sur le terrain. Le message était dissuasif, la réalité est plus apaisée. Le décalage est là, il joue en notre faveur En effet: nous ne voyons pas l'ombre d'un douanier, nous pouvons faire notre clearance d'entrée dès J+1 et non à J+7 à la marina (qui ne nous demande pas si nous avons l'autorisation du CROSS…), et pouvons aller et venir à notre guise. En somme, il flotte un léger parfum d'insouciance et même de rébellion dans l'air. Il y a ce que disent les fonctionnaires dans les bureaux, et la réalité terrain…
Même si le cadre est bien plus relâché qu'annoncé, cela n'empêche pas de nous responsabiliser et de respecter des fondamentaux, bien entendu. Nous continuons de rester prudents pour ne pas contribuer à la propagation du Cocobidule sur le territoire français, et attendons sagement les résultats du test PCR à J1. Une fois cette formalité passée, nous choisissons de rester dans les parages jusqu'au test à J+7, pour nous atteler aux menues réparations nécessaires avant la Transatlantique retour. Réparation du guindeau, recoudre la protection de la barre, refaire le vaigrage, changer la pompe à eau de mer, changer la drisse de trinquette pour bien étarquer la voile, bricoler le Hors-bord…toutes ces taches occupent nos journée.
Nous nous aérons dans les bars de plage du Marin pour nous détendre, limités dans nos promenades par l'absence totale de sentiers pédestres pour nous dégourdir les jambes. Ici, la voiture est reine.
Assez parlé des contraintes du voyage à la voile au temps du Covid, place aux réjouissances maintenant!
Saveurs locales au Marin
Le port du Marin est la caverne d'Alibaba pour le plaisancier. Plateforme de location, d'achat-vente et de réparation de la zone Antilles, elle draine professionnels, propriétaires et vacanciers autour du nautisme. Les shipchandlers, voileries, ateliers de réparation mécaniques, assurances, “bars des skippers” jouent des coudes pour attirer le navigateur. Une telle offre nous est plutôt bénéfique: finies les galères pour trouver du matériel d'entretien et de réparation!
En plus de cette bouffée d'air frais “nautique”, nous nous précipitons dans le supermarché du coin pour faire quelques provisions. Après 3 mois au Cap-Vert, en transat et aux Grenadines, quelle joie de retrouver une telle diversité alimentaire! Les produits frais, surtout, à des prix plus élevés qu'en France (la plupart sont importés…) mais plus raisonnables qu'aux Grenadines, ravissent nos yeux et nos papilles. Nous revenons chargés comme des baudets, et ne manquons pas de nous arrêter dans une boulangerie pour croquer une baguette bien fraîche.
Tous les matins, les Halles du Marin sont animées des stands de fruits et légumes locaux tenues par des femmes drapées du tissu local: le Madras, des carreaux vifs rassemblant rouge, vert jaune et orangé. Suite à l'abolition de l'esclavage, de nombreux Indiens sont venus sous “contrat libre” cultiver la canne à sucre, important une nouvelle influence culturelle à une île déjà riche de son métissage.
Melons, concombre et tomates du pays, christophines, caramboles, manioc et ananas garnissent les étals colorés. Des stands d'épices, de gousses de vanilles et de Punch aromatisés en tout genre (maracuja, coco, fruits de la passion, ananas, banane…) nous font de l'oeil. Nous repartons avec des épices à colombo (le colombo de poulet: une autre influence indienne!), de chiquetaille de morue et de Punch Coco. Si vous venez dîner chez nous au retour, le menu est tout constitué: accras de morue en entrée et boudin créole - servis bien sûr avec du Ti-Punch-, Colombo de poulet puis Blanc-Manger-Coco en dessert (qui n'est pas qu'un jeu parfaitement subversif mais aussi un flan coco proche de la Pana Cotta: un délice!).
Nous nous attendions à un village dénué de charme, nous sommes agréablement surpris par la douceur de vivre du Marin. Une jolie église surplombe la baie dans le quartier historique, des cours et courses de yole traditionnelles égaient le plan d'eau. En plus de la célébration de nos retrouvailles avec les produits français, nous sommes amusés de retrouver des panneaux indicatifs tels qu'on les connaît en métropole: c'est bien en France que nous sommes. Ces quelques repères font office de Madeleine de Proust, mais n'enlèvent rien à l'exotisme d'une escale que nous quitterons à regret.
À la découverte de la Martinique
Pour faire simple, la Martinique est organisée en trois territoires, écho aux variations du paysage:
- au sud, il y a les plages de sable blanc (Saint-Anne et la fameuse plage des Salines, les Anses), les offres touristiques les plus développées, l'aspect “soleil et farniente”,
- au centre, Fort-de-France, le cœur économique de l'île, et les bouchons et zones commerciales qui vont avec,
- au nord, les montagnes, le volcan de la Montagne Pelée (1395m), toujours en activité, et les plages de sable noir.
On distingue aussi la côte Caraïbe ou côte “sous le vent”, bien plus construite, de la côte Atlantique ou côte “au vent”, très sauvage et préservée.
Pour tenter de réparer notre ordinateur dont l'alimentation a cramé, nous sommes allés à Fort-de-France une journée. La capitale est dense, fourmille d'échoppes locales et de quelques bâtiments remarquables. Nous avons trouvé la capitale plutôt authentique - les enseignes occidentales se concentrant plutôt à l'extérieur, sur des kilomètres de zones commerciales enlaidissant les environs.
La Martinique côté mer
La côte sous le vent
Pour notre première virée en dehors du Marin, nous trouvons un bon plan “voiture” et nous dirigeons vers la pointe sud de l'île, vers Sainte-Anne. Le combo plage-rando devient un rituel pour varier les plaisirs.
La plage des Salines
La savane des pétrifications
Les Anses
En remontant la côte Caraïbes, nous arrivons au paradis du plaisancier: les anses: Dans un périmètre restreint, une succession d'anses plus charmantes les unes que les autres se succèdent. Elles permettent de vivre de snorkeling, tortues marines, balades en bord de mer et resto sur la plage (oui, ils restent ouverts…) pendant une semaine. La déconnexion est totale, le plaisir entier.
Parmi les anses visitées, on doit tout de même insister sur une en particulier: l'anse Mitan. Nous avons décidé d'y poser l'ancre quelques jours car c'est un excellent spot de kite pour progresser. Je prends 2 cours, gagne en autonomie, et me lance dans 2 sorties sans prof, dont la première s'est soldée par un sauvetage (la faute au vent, on va dire), le deuxième par une arrivée un peu trop sous le vent de la base nautique, avec un dégonflage d'urgence sur un ponton d'une propriété privée. Oups. Plus de peur que de mal dans les 2 cas. L'apprentissage est une bonne piqûre de rappel d'humilité: en dépit des pubs d'écoles de kite “en 3 cours, vous serez autonomes”, l'aisance se gagne au fil de nombreuses sorties, dans des conditions très variées. Il n'empêche, on s'est senti très bien à l'anse Mitan, en devenant copains avec les moniteurs, qui nous voyaient défiler tous les jours pour un cours de kite ou de planche à voile.
Le reste du temps, nous prenons nos marques dans le bourg. Une vie de village s'y déroule tranquillement, au cœur de la micro-marina et des resto environnants.
La côte au vent
On vous le disait, la côte Atlantique est bien plus sauvage et préservée que la côte Caraïbe. Nous n'aurons pas le temps de l'arpenter de long en large (de la “poncer”, comme le veut l'expression consacrée de l'année), mais de ce que nous en avons vu, c'est grandiose! Les plages bordées de palmiers et le relief déchiqueté y sont pour quelque chose.
Le Vauclin
La presqu'île de la Caravelle
Rando dont on nous avait vanté les mérites, la Presqu'île de la Caravelle démarre par la plage de surfeurs, Tartane. Ensuite, entre Mangrove, criques et vues sur les falaises, la balade vaut le détour.
La Martinique côté montagne
Après plusieurs jours de kite / plage / farniente, nous louons une voiture des Anses où nous laissons le bateau sur bouée pour aller explorer le nord de la Martinique. Le Nord, c'est la verdure, les volcans, la montagne. Nous louons donc un “bungalow créole” pour 4 nuits, histoire d'être sur place pour faire des randonnées et de dormir à plat. Car oui, sachez que le luxe ultime du voyageur en voilier est de pouvoir faire le tour de son lit (chose impossible en bateau du fait de la configuration de la cabine), après prendre une douche et ouvrir un frigidaire à porte (le notre est une glacière qui s'ouvre par le haut, nos vivres sont savamment entassés).
Quatre jours de rando s'ouvrent donc à nous, nous révélant la végétation luxuriante et diversifiée.
La Canal des esclaves
La rando la plus “efficace”, comprendre: le moins de distance et de dénivelé pour le max de vue.
La Montagne Pelée
Aller au sommet de l'île, ce n'est pas sorcier. Il faut juste être prêt à monter des escaliers pendant 3 heures. La vue est magnifique, lorsque la brume se dissipe pour un bref instant. La montagne pelée est un volcan toujours en activité. Sa dernière éruption meurtrière date de 1902: en quelques minutes, plus de 30 000 personnes ont péri, soit 1/5ème de la population de l'île. Saint-Pierre, alors considéré comme le “Petit-Paris” de la Martinique, a été détruite. Elle est aujourd'hui reconstruite, mais garde un aspect fort tristoune du fait de la tragédie.
Le Pêcheur-Grande Rivière
Cette magnifique randonnée de 6h aller nous immerge dans la forêt tropicale. Elle surplombe la mer, donnant à voir de jolies perspectives. Cette rando, c'était un peu la rando de trop en dépit de sa beauté. Avec 900m de dénivelé et une chaleur étouffante, j'ai bien cru à mi chemin que je n'allais plus pouvoir avancer. Bon, en même temps, on ne va pas appeler l'hélico parce-qu'on a les jambes coupées, ça risquerait de nous coûter cher en apéro cette histoire. On se remotive, on met du Christophe Maé, et ça repart. Cela dit, c'était très beau, il ne faut juste pas enchaîner le Montagne Pelée et la rando Le Prêcheur-Grand'Rivière le lendemain, si vous tenez à vous préserver.
La trace des Jésuites
En immersion totale au sein de la forêt tropicale, cette rando est connue parce-que des Jésuites empruntaient ce chemin à la fin du 17ème, début du 18ème siècle. Entre pont suspendu, rivières, lianes et végétation, c'est une rando variée, agréable et pas trop longue :D
Il est temps de partir
De retour au bateau, nous repassons 3 jours à l'anse Mitan pour profiter du spot de kite puis remontons la côte Caraïbe jusqu'au Carbet et la baie de Saint-Pierre. L'idée est de partir pour la Guadeloupe, pour profiter de quatre semaines dans ces îles dont on a entendu que du bien…Comme toujours, on se force à quitter des endroits auxquels on s'attache et dans lesquels on aurait aimé passer plus de temps. La logique du voyage veut que la découverte continue, alors cap sur Les Saintes en Guadeloupe, avec une dernière escale au Carbet pour partir au petit matin vers le nord.
***
3h15. Une bourrasque s'engouffre par le hublot de la cabine avant. Il parvient à ébranler la structure du bateau. La coque danse. Le bruit du vent et le tangage nous forcent à ouvrir un oeil.
J'entends:
- Tu dors?
- Non. Pas là.
- On y va?
- Heu…ok, on y va.
Munis de notre lampe frontale, nous nous habillons à la hâte, remontons l'ancre, et glissons le long de la côte Martiniquaise à la lueur du clair de lune. Nous ne la reverrons pas de jour, et partirons dans la pénombre vers la suite de nos aventures.