Le mieux est l'ennemi du bien
À quelques heures de larguer les amarres pour la transatlantique retour, je m'imprègne de cette maxime pour vous livrer, de manière efficace et chronométrée, quelques sensations fugaces de la Guadeloupe. Attendre les Açores pour retracer le mois passé sur ces terres aussi diverses que magnifiques aurait été un brin anachronique: l'intensité de ce que nous vivons impose de faire un temps d'arrêt entre deux séquences, pour digérer l'expérience passée, créer un sas de respiration, pour ensuite nous lancer dans la prochaine aventure.
Ainsi, cet article ne sera pas “commun”, documenté ou volubile, j'irai à l'essentiel, en espérant distiller en vous la curiosité et l'envie de découvrir ces îles qui sont, je le crois, les plus belles que nous ayons vues des Antilles.
La Guadeloupe, ou “Gwada", ne se résume pas au papillon rallié par Point-à-Pitre.
La Désirade, Marie-Galante et Les Saintes en font partie. Nous avons la chance d'en avoir vu une bonne partie:
- Les Saintes, coup de coeur de la Guadeloupe, est le premier archipel visité. On ne peut que tomber sous le charme de cette île à taille humaine, joliment découpée, sauvage tout en étant propice à l'accueil de visiteurs - le nombre d'excellents restaurants ne le démentira pas!
- Marie-Galante, en forme de Galette, est une île beaucoup plus “naturelle” que les Saintes, dans le sens où la vie locale y est encore très développée. Il y règne une quiétude et une douceur de vivre certaines, L'île est plutôt plate, et essentiellement dédiée aux plantations de canne à sucre. Le rhum du Père Labat à 59 degrés y est produit ici. Nous lui avons bien sûr fait honneur, et avons un lancé un programme de recherche avec un laboratoire Américain pour étudier la corrélation entre le faible nombre de cas Covid sur l'île et la consommation élevée de Ti Punch.
- Petit-Terre, réserve naturelle où seuls 8 bateaux peuvent mouiller après avoir réservé une bouée. Il n'y à qu'à plonger pour nager avec les tortues, les raies, les requins citrons, et admirer les vives couleurs des poissons tropicaux.
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Avec Amorgos, nous avons fait le tour de la Guadeloupe, en étant tout à fait conquis par Basse-terre, soit l'île de l'Ouest, montagneuse, volcanique, verdoyante, authentique.
Grande-terre est donc l'île de l'Est, beaucoup aménagée et touristique. Hormis deux sites naturels remarquables: la pointe de la Grande Vigie pour observer les baleines et La Pointe des Châteaux, nous avons trouvé que le cadre naturel était amoché par le tourisme de masse et la densité. Cela dit, l'eau y est translucide, les marchés animés, et les sessions de kite et de planche à voile y ont été appréciées.
Finalement, nous avons trouvé que Basse-Terre avait quelques similitudes avec le Nord de la Martinique, et que Grande-Terre ressemblait plutôt au sud de la Martinique. Le découpage du relief et des activités humaines qui en découlent avec, au milieu la ville principale - Point-à-Pitre en Gwada, Fort-de-France en Martinique - sont similaires entre les deux îles. Sans comparer ce qui n'est pas comparable, nous avons beaucoup apprécié la Guadeloupe, qui d'un point de vue diversité de paysages et d'activités, est un peu plus riche que la Martinique. Le climat social y est en revanche plus tendu, avec des grèves interminables dans le secteur public et des rapports de force usants pour les habitants.
Séjourner dans les Antilles est aussi un excellent exercice de mémoire pour qui n'a pas assez enchaîné les Memory durant son enfance: entre Basse-Terre, Grande-Terre, Terre-de-Bas, Terre-de-Haut, Petite Terre, il y a de quoi s'emmêler les pinceaux au début. Surtout que l'arrivée est assez déroutante: beaucoup de localités de la Guadeloupe portent le même nom qu'aux Antilles! Saint-Anne, Riviére-quelque chose (Riviére Salée, Riviére Pilote), Le Carbet…on ne sait plus où on habite!
Enfin, nous avons été tristement frappés par l'invasion de sargasses sur toutes les plages de la Guadeloupe. Plus d'un touriste a du déchanter en s'imaginant passer une semaine sur une plage de sable blanc sous les cocotiers: bien souvent, les algues recouvrent intégralement le tapis doré!
Ces algues brunes sont putrides et pullulent sur les plages et dans les ports. En plus de leur odeur nauséabonde, elles polluent la vue et ont même des conséquences sur les métaux, accélérant l'obsolescence des appareils électroniques, électroménagers, voitures. Si cela vous intéresse, je vous invite à lire cet article de France-Info.
La “Gwada” en photos
Les Saintes
Marie-Galante
Basse Terre
Rando à la Soufrière et aux chutes du Carbet
Trois jours de plongée à Malendure dans la réserve Cousteau
Anse Deshaies: le meilleur mouillage de Guadeloupe
Départ pour Grande Terre
Grande Terre
Petite terre
Départ en transat
Nous y sommes. Il est temps de nous rapprocher de la métropole, de la famille, des amis. La transat retour démarre ce soir. Depuis une semaine, nous sommes sur le qui-vive, à écumer la “to-do list” pour préparer le bateau et l'équipage. Préparation du routage, points météo, configuration du téléphone satellite, menues réparations (ah ces hublots!…), agencement du bateau pour une longue traversée, courses chez le Shipchandler, menus, avitaillement, rangement, lavage, synchronisation de BD, playlists, livres audio, films, tuto ukulélé, compléments de pharmacie, revue des procédures de sécurité et d'urgence…des dizaines de tâches s'accumulent. Nous les déroulons concentrés, efficaces et conscients de l'expérience qui nous attend.
Le but: arriver aux Açores dans les 3 semaines après le départ.
L'enjeu: naviguer avec une météo incertaine. En transat aller, nous sommes portés par les alizés, au retour, il faut aller chercher le nord de l'anticyclone pour avoir du vent, sans trop remonter non plus histoire de ne pas se prendre une méchante dépression en pleine tronche. Nous ajusterons notre routage au jour le jour, et naviguerons prudemment pour arriver à bon port. Mathieu, le frère de Kévin, actualisera notre position de temps en temps, et transmettra sur la carto du blog quelques messages.
Allez, la mer nous appelle, nous vous laissons pour terminer notre “to-do”, laver intégralement le bateau, acheter du pain frais et prendre une dernière douche!
Merci de nous lire, et à bientôt sur les cailloux portuguais de l'Atlantique!