Du retour à l’atterrissage
Revenir, ce n’est pas atterrir.
Si nous sommes bel et bien revenus il y a trois mois de notre tour de l’Atlantique, le processus d’atterrissage est quant à lui bien plus lent, doux, pimenté de quelques trous d’air inévitables.
Car oui, force est de constater qu’une expérience comme celle que l’on vient de vivre chamboule de l’intérieur, qu’on le veuille ou non.
Après 10 000 milles nautiques, 58 nuits en mer et deux transatlantiques, nous avons touché à une autre manière de vivre et de voir le monde, qui aura forcément un impact sur nos choix de vie et notre manière de travailler. Par conséquent, il est peu aisé (et souhaitable!) de rentrer immédiatement dans son costume de cadre sup'- chaussures cirées à la rentrée, l'expérience du grandiose laissant des traces dans la durée.
En effet, si une année en mer peut être qualifiée de “parenthèse”, on n'effectue pas un retour “à la normale” express et sans heurts, presque comme s’il ne s’était rien passé. Humainement, individuellement et en tant que couple, des choses ont bougé. Tout comme le monde d’avant Covid n’existe plus, notre vie d’avant non plus, et c’est tant mieux. Non pas que nous claquions tout pour vivre dans une yourte au fin fond du Cantal, la mue n'est pas (encore) si radicale.
Par les rencontres faites, les expériences vécues, la modification du rapport au temps, le contact avec la nature et l’expérience d’un style de vie beaucoup plus simple, au contact direct des éléments, nous avons grandi.
Les contours de ce changement ne sont pas simples à définir, mais je vais tenter d’en esquisser les grandes lignes.
Il est alors temps de prendre son bâton de pèlerin et de s’atteler à l’écriture d’une nouvelle page de vie, en accord avec nos aspirations profondes. Pour ouvrir une page blanche, il est essentiel de clôturer le précédent chapitre. Nous revêtons donc notre marinière pour un dernier tour de piste, et donnons un coup d'œil fugace dans le rétroviseur pour éclairer le vécu et préparer l’avenir.
L’aventure continue et nous sommes heureux, curieux, impatients, excités de construire la suite.
L’exercice du bilan semble périlleux tant l’expérience vécue continue à nous forger. Oui, nous sommes en phase de digestion. Bien sûr un brin de nostalgie nous traverse, parfois. Tout ce que nous avons vécu n’est pas relégué au rang de souvenir, au contraire, cela nous habite et vit en nous. Les amitiés perdurent, la communauté de marins continue à terre. Les traversées longues ou courtes, paysages, visages, galères, pannes techniques, anecdotes, balades, plongées, découvertes, sensations se télescopent et nous donnent le tournis d’un bonheur concentré et planant. D’ailleurs, s’il faut atterrir, c’est bien parce-que nous planions un peu, non?
En effet, nous n’avons pas vécu la même réalité que la plupart d’entre vous, à enchaîner réunions Zoom, restrictions de déplacement et parfois enfants à canaliser. En immersion dans un monde parallèle de liberté, cette année en bateau fut une bulle enchantée.
En reprenant les questions récurrentes que l’on nous a posées à notre retour, retournons-nous vers cette année d’une richesse inouïe, avec la mer pour horizon infini...
Commençons par la question la plus simple: quel pays avez-vous préféré?
Les contrées que l’on a traversées rivalisent de beauté et de personnalité. La Galice nous a surpris et enchantés, le Portugal charmés, les Antilles ravis...mais si l’on doit retenir une ou deux destination “coup de coeur”, nous choisissons les régions autonomes du Portugal que sont les Açores et Madère.
Par la splendeur des paysages verdoyants, la ruralité préservée, le raffinement de la culture locale, la sonorité de la langue, la variété de la faune et de la flore, la combinaison de la mer et de la montagne, visiter ces régions fut un enchantement.
Relief plongeant dans la mer aux Açores
D'ailleurs, ce sont souvent des petites îles dont nous n'avions jamais entendu parler qui nous ont le plus touchés: Porto-Santo (archipel de Madère), Lobos et La Graciosa près de Lanzarote, La Gomera (Canaries), Petite-Terre (Guadeloupe)…moins c'est accessible et connu, plus la magie opère! Et le bateau offre cet accès privilégié à ces endroits reculés.
Le Cap-Vert fut aussi une escale marquante, la plus dépaysante du voyage. Le séjour dans la vallée de Paul sur l’île de Santo Antao nous laisse un souvenir impérissable.
Les Canaries nous ont aussi agréablement étonnés. Nous en avions une mauvaise image - terre aride bondée de resorts et autres appendices d’un tourisme de masse défigurant - mais des îles moins connues ou plus reculées ont été une excellente découverte. La Graciosa (près de Lanzarote), La Gomera, El Hierro...ces petites îles sauvages et habitées réservent de belles surprises au baroudeur qui sort des sentiers battus.
Lumière du soir sur le Teide, à Tenerife
En revanche, à notre propre surprise, nous ne nous sommes pas vus vivre aux Antilles. Le climat est certes agréable et les plages paradisiaques, mais le coût de la vie, la réalité des rapports sociaux et l’aspect congestionné des nœuds névralgiques ne nous ont pas fait envie. Et quitte à être loin de la métropole, autant changer de langue et de culture...
Mais justement, vous ne vouliez pas rester dans un pays visité?
Lorsque nous sommes partis, nous avons entendu à plusieurs reprises “vous pensez partir un an, vous partirez dix”. Finalement, la formule “un an” nous a bien convenu. Certains trouvent le moyen de gagner leur vie en voyageant, ce n’était pas notre souhait.
Très attachés à notre famille et nos amis, nous avons envie de passer du temps avec eux et de voir grandir nos neveux et nièces. C’est aussi quand on est loin de la France que l’on se rend compte de l’extraordinaire richesse de notre pays. En termes d'accès à l'éducation, la culture, la santé, la qualité des services publics (la gestion des déchets, notamment!), la variété des paysages...quelle chance nous avons d’habiter notre beau pays! Se sentir bien chez soi est une chance immense, nous revenons au nid heureux d’avoir parcouru le monde, avides de trouver notre terre d’ancrage en pays gaulois.
A l’heure de la sobriété heureuse, nous faisons aussi le choix de ne pas nous expatrier pour vivre plus localement des aventures de proximité, sans être dépendants de l’avion.
Alors au final, un voyage comme ça, ça apporte quoi?
Cette question, on la comprend. Le risque de faire un pas de côté dans sa vie est grand. Quitter son travail ou prendre une année sabbatique, sous-louer son appartement, dépenser au lieu d’épargner, éventuellement bouleverser ses habitudes et le rythme scolaire des enfants...c’est perturbant. Il faut donc bien que le jeu en vaille la chandelle.
Que ça “apporte” quelque chose. Et puis, vis-à-vis des employeurs, il faut bien avoir “quelque chose à “revendre”, déjà craintifs que la coupure soit un boulet dans un parcours professionnel huilé et linéaire.
Alors voilà, on ne part pas en voyage parce-qu’on veut que ça nous apporte quelque chose que l’on pourra revendre par la suite. Cette logique là est un peu trop utilitariste et éloignée de l’état d’esprit propre au fait de bien vivre son projet.
On part en voyage car on décide de déplacer le curseur des attentes et de la pression sociales vers l’écoute de soi, de ses passions, du sens que l’on veut donner à sa vie.
On part en voyage car on change de paradigme, on accepte de quitter la sécurité, le prévisible et le connu, pour choisir l’inconnu, la sortie de sa zone de confort, le renouveau, la vie, en somme.
On part en voyage parce-que l’idée trotte dans la tête depuis un moment, et que lorsque les planètes s’alignent et que le bon moment s’invite (et se crée!), il suffit juste de prononcer un oui.
On part en voyage parce qu’on se sent appelés à le faire, parce qu’on sent que ce chemin de vie contribuera à la croissance de la personne que l’on est, qu’elle nous fera emprunter des voies jusqu’alors inconnues, mais confiants quant à leur capacité à nous conduire encore plus vers notre juste place.
Plus que ce que ça nous apporte, la question est plutôt de savoir en quoi ça nous change, ça nous enrichit, ça nous bouscule, en quoi nous revenons différents de qui nous étions lorsque nous sommes partis.
Ok ok, c’est compris...et donc, en quoi votre voyage vous a-t-il enrichis?
Le voyage en voilier n’est pas que plaisir tant la fatigue et le stress de la panne technique sont présents, mais tout de même: on en a bien profité! Passer une année sur l’océan, à naviguer de criques splendides en baies sublimes, à faire du snorkeling pour observer raies et tortues dans une eau cristalline à faire pâlir tous les magazines de voyage, à profiter de mouillage exceptionnellement vides à cause du Virus-dont-on-a-suffisamment-prononcé-le-nom...c’est agréable. En plus de cet aspect bon-vivant, voilà ce qui nous a le plus nourris cette année:
Les rencontres, LE cadeau inestimable de l'année
Bien sûr, si l’on retient quelque chose de cette année, ce sont toutes les rencontres que l’on a faites. En partant, nous craignions de passer une année en vase clos à deux, et de se taper à la longue mutuellement sur le système. Il n'en a rien été: dès la Galice, nous avons rencontré des équipages extraordinaires, avec lesquels nous avons fait un bout de chemin ou toute l'année.
Partager une passion, une activité ou un mode de voyage crée d’emblée un dénominateur commun à chaque rencontre. Naturellement, une communauté locale et solidaire se met en place. Les barrières sociales s’effacent. On ne se demande pas d’emblée “qu’est-ce que tu fais dans la vie?” mais plutôt “d’où viens-tu? où vas-tu? sur quel bateau es-tu?”.
Étudiants, familles avec enfants en bas-âge ou ado, regroupement de familles, couples, amis, retraités...nous avons sympathisé avec beaucoup d’équipages qui nous ont chacun inspirés à leur manière. Partir en bateau n’est pas une expérience réservée qu’aux personnes aisées: certains équipages partent avec un budget modeste, et parviennent très bien à naviguer en sécurité et à vivre avec peu.
Un esprit d’entraide est omniprésent sur les pontons. Les rencontres avec les plaisanciers nous marquent, mais celles réalisées à terre avec des locaux nous réjouissent aussi. Certaines rencontres sont éphémères, d’autres durables: elles n’en restent pas moins enrichissantes.
Un moment fort pour le couple
A titre personnel mais aussi en tant que couple, le voyage est un puissant accélérateur. Plus qu’il ne change, il révèle au grand jour ce qu’on aurait été tentés de masquer pour apparaître sous son meilleur jour. En mer, et de manière plus globale sur tout terrain engagé, on ne peut porter de masque et tricher. Tôt ou tard, sa “vraie nature” apparaît, et les caractères se révèlent. Avec la fatigue, l’inconnu, les dangers, les pannes...on atteint vite ses limites et il faut apprendre à les gérer.
Ainsi, naviguer en bateau est une expérience exigeante et enrichissante pour le couple. La communication est essentielle, même quand on est épuisés. Il n’y a pas d’échappatoire, et formuler son besoin est essentiel. Bouder ou s’enfuir ne sert à rien.
Nous revenons encore plus soudés par ce que nous avons traversé ensemble: fonctionner en équipage, avec nos complémentarités, est d’une richesse inouïe. Il ne s’agit pas de voir qui a raison ou tort, ou de se renvoyer la balle pour savoir qui va faire la cuisine en haute mer ou qui a mal géré cette manoeuvre de port...mais de rentrer dans dans une logique de “prendre soin” de l’autre au quotidien, de veiller sur lui, son bien-être et sa sécurité.
Prendre le temps de vivre
Les heures prennent davantage de place que quand elles sont comprimées dans 2 semaines de congés payés. On se relâche, enfin, vraiment, et on modifie son rapport au temps. Nonchalance? Sauront-ils raccrocher les wagons au retour? Non: instant présent.
Notre périmètre d’intervention se réduit: le bateau et ses alentours, mais la zone d’exploration - elle - augmente. Préparer la météo, réparer ce qui a cassé, entretenir le bateau, lire beaucoup, gérer toute la logistique du bord, rendre visite aux bateaux voisins...cela prend un temps fou, et développe de nouvelles ressources. Inventivité, patience, créativité, résilience, solidarité. L’invitation à ralentir est acceptée. L’accroissement du temps libre se conjugue avec débrouillardise: les cols blancs apprennent à faire par eux mêmes avec leur 10 doigts plutôt qu’à faire-faire. Ils développent de nouvelles capacités, manuelles et ingénieuses, au contact de la matière. Du virtuel, on passe au concret. En ayant davantage de temps, nous avons pu toucher du doigt à un mode de vie plus simple car plus autonome et indépendant, où l'on a mis la main à la pâte quand il fallait faire son pain ou trouver des solutions aux avaries: c'est satisfaisant!
Aussi, en se déplaçant tous avec notre maison dans un bateau, on profite de la proximité: rendre visite aux amis signifie mettre le paddle à l’eau ou faire quelques mètres sur le ponton d’à côté.
On touche du doigt l'enrichissement quotidien du fait d'une vie en quasi collectivité: naviguer avec un village nomade est un bonheur de chaque jour. D'ailleurs, vivre de manière si proche avec les mêmes personnes pendant un an éveille en nous une envie d'habiter autrement, pourquoi pas un jour en communauté auto-gérée.
Mériter son escale...et savourer les joies de la terre
Derrière les posts enjoliveurs d’Insta se cache aussi la réalité. Les moments de détente réelle et d’évasion insulaire sont en fait minoritaires dans le voyage. Entre pépins techniques, jours bloqués à réparer le moteur, le guindeau, le moteur d’annexe, l’annexe...il y a toujours quelque chose qui casse, et on peut s’arracher les cheveux un bon bout de temps avant de prononcer “Eurêka” et de repartir sereins. En plein milieu de l'Atlantique, nous avons eu une panne générale d'électricité qui aurait pu être très handicapante pour les 1000 milles qu'il nous restait à parcourir, en arrivant aux Antilles, nous avons failli perdre l'arbre d'hélice, ce qui aurait pu créer une voie d'eau importante…les montagnes russes émotionnelles sont légion et une bonne dose de sang froid et de réactivité sont importantes pour reprendre la main sur une situation susceptible de vite dégénérer.
La fatigue accumulée en traversée, le manque de confort parfois, les caprices d’Eole sont autant de paramètres à accepter, qui décuplent la saveur à l’arrivée. La récompense est à la mesure de l’effort fourni: c’est curieux, mais c’est bien en traversant des moments éprouvants que l’euphorie de l’arrivée est démultipliée. Quelle joie de pouvoir fouler la terre après 3 semaines en mer, de se délier les jambes, d’admirer d’autres couleurs que l’océan monochrome, de prendre son café en terrasse. La joie des choses simples est décuplée, tout comme on se met à apprécier ce qui nous semblait naturel auparavant: oui, la machine à laver est une belle invention, ouvrir un frigo bien rangé est un luxe, faire le tour de son lit un instant de joie. Rien n’est dû, tout est offert.
Enfin, ce voyage est un puissant appel à la connexion à la nature, à la sobriété et à la simplicité.
La nuit, en particulier, l'oeil attentif pénètre dans une nouvelle dimension, surnaturelle, mystique même. Ressentir le vent chaque nuit dans sa cabine, mettre la tête dehors le matin et profiter du soleil, naviguer sous les étoiles, prendre le temps d’observer la course de la lune au fil des nuits...l’omniprésence de la nature et l’attention que nous lui portons sont de puissants vecteurs d’épanouissement. Entre les Canaries et le Cap-Vert, une nuit de navigation nous a offert le plus beau des spectacles; un défilé d'étoiles filantes dont certaines perçaient le ciel d'un rouge incandescent. Toutes les 10 secondes, une nouvelle étoile traversait le ciel à la vitesse de l'éclair, tandis que les dauphins joueurs longeaient la coque, tels des spectres enchantés, illuminant alors le plancton de mille étincelles fluorescentes.
La rencontre avec les cétacés est forte: nous les observons et apprenons à comprendre leurs comportements, modes de fonctionnement, comment de pas les déranger.
Banc de globicéphales au large des Açores
Ralentir...contempler...pour mieux agir ensuite. Le changement climatique dont on entend parler dans les journaux, on le vit. C’est en plongeant qu’on observe le blanchiment des coraux, la décimation de bancs de poissons. C’est en navigant qu’on réalise l’invasion de plastiques en pleine mer. C’est en allant à la plage qu’on est choqué par la prolifération des sargasses.
Il est alors impossible de fermer les yeux sur le péril qui monte et ne rien questionner de nos habitudes. Déplorer sans agir soi-même devient inepte. Dans notre mode de vie, notre alimentation, nos déplacements, notre travail, l’idée de ce qu’est une “vie réussie”, on s’interroge, on débat, on se documente, on bouge, on s’engage sur le chemin passionnant et joyeux de l’écologie positive. Plus qu'un renoncement, c’est une opportunité que l’on saisit comme une évidence.
Et le retour alors, pas trop dur?
Nous étions contents de rentrer. Voyager en bateau est aussi bien passionnant qu’éprouvant, en proie à la météo, aux nuits en mer et à l’exiguïté du support au quotidien. Retrouver les nôtres, la France, le confort d’une maison est une joie de tous les jours. Nous retrouvons les plaisirs simples d’une maison bien rangée, sans risque d’embarquer un cafard à bord, avec suffisamment d’eau pour prendre une douche un peu plus conséquente qu’1,5L. Le confort nous fait du bien...sans nous suffire bien évidemment. On ne peut pas passer d’aventuriers à casaniers en un coup de cuillère à pot! Et vivre “que” de confort n’est pas dans notre nature non plus…
Une fois le bateau mouillé dans la baie de Cap-Coz près de Port-la-Forêt, la sensation est surprenante: retrouver un endroit connu, où nous avons nos repères, nous donne le sentiment d’avoir vécu un mirage. Ici, tout est en place, rien n’a bougé. C’est nous qui avons bougé de l’intérieur, et cela ne se voit pas.
La difficulté, par conséquent, n’est pas là où on l’attend.
Identifier ce qui a changé en nous, redéfinir nos priorités, les traduire en choix de vie concrets...tout ça prend du temps. Le temps de “décompression” du voyage est en marche. Un sas est nécessaire. Le flottement s’installe. On le rejette d’abord. Ce temps n’est pas à fuir: on finit par l’accueillir. Comme faisant partie du processus du retour. L’inconnu et l’incertitude sont finalement des composantes de notre année qui perdurent: continuer à développer notre adaptabilité et faire le pari de la confiance sont de précieux alliés pour créer une sécurité intérieure en terrain mouvant. Et aujourd’hui, vu les temps troubles dans lesquels nous nous engageons, cela ne nous semble pas inutile.
Heureusement, la prochaine aventure est en route!
Nous prenons tous deux le temps de chercher un nouveau travail dans une nouvelle région proche de la mer ou de la montagne. La proximité de la nature est un besoin vital aujourd’hui: évoluer dans le cadre naturel qui nous plaît est une priorité.
Finalement, notre mode de vie nomade continue, et c’est amusant. La logistique est peut-être plus compliquée, car un bateau est un cocon mobile apte à accueillir toutes les affaires dont nous avons besoin. Là, nous avons beaucoup (trop) d’affaires éparpillées dans quatre coins de France, et l’on se sent un peu dispersés.
Après une année à barouder avec notre maison sur le dos, nous ressentons fortement le besoin de nous ancrer quelque part, d’avoir un camp de base. Trouver notre port d’attache est notre prochaine aventure. Cette dernière va de pair avec une transition un peu déroutante mais d’une richesse certaine car tout est possible, tout est à créer.
Accepter d’avancer sans avoir toutes les réponses, écouter son intuition, rêver de sa vie future et la construire, sont autant d’opportunités exaltantes.
Repartirez-vous en bateau un jour?
Peut-être...nous ne savons pas encore.
Il est vrai qu’en mettant le pied à terre, nous avions besoin d’une petite pause bateau. Nous avons vendu Amorgos à une famille fort sympathique: rebaptisé Machao, notre First 38S5 continuera ses navigations entre de bonnes mains.
On se dit “le bateau, j’en ai ma claque” et il suffit que l’on ne voit plus tous les soirs le coucher de soleil sur l’horizon pour réaliser que la mer a pris une place encore plus grande dans nos vies. Alors oui, du bateau, on continuera à en faire, comme une activité faisant partie de nous. L’envie est plutôt à la proximité aujourd’hui, à la micro-aventure. Lorsque nous louerons un bateau pour repartir en croisière, nous le ferons très différemment: dans un périmètre beaucoup plus réduit, pour explorer des endroits magiques sans les survoler ou chercher à engranger des milles. Louer un Muscadet pour naviguer dans le Golfe du Morbihan, remonter le Belon en Paddle ou en kayak, naviguer sur un bateau en bois traditionnel...voilà ce à quoi nous rêvons plutôt que de mettre les voiles vers de lointains horizons.
Après...dans 10 ans, pourquoi pas repartir! Le triangle Canaries-Cap-Vert-Açores nous a séduits, et nous en avons découvert une infime partie! Tous comme les paysages scandinaves nous attirent...Tout dépendra aussi de l’évolution des courants océaniques et du renforcement des phénomènes météo extrêmes rendant la navigation au large moins prévisible.
Adios!
Nous nous séparons à la fin de ces lignes, pour mieux nous retrouver en chair et en os.
Merci de nous avoir suivis et encouragés pendant ces mois extraordinaires. Vous nous avez portés!
Merci à nos compagnons de mer, tout particulièrement aux Arvik, Khaïma, MatelowTech, Hisse Tes Rêves, Mordicus, Tatihou, Kumbaya, Blue, Risorius, Ty Pierre, Roi Liche et tous les autres bateaux croisés pour cette année passée ensemble...on se voit sur la terre ferme! Merci à Mathieu pour avoir veillé sur nous depuis la terre.
La vareuse est rendue, le cheveu et la barbe coupés (un peu, mais pas trop) pour Kévin, nous revêtons notre costume de terrien…et vous disons à bientôt pour de nouvelles microaventures!
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Pour le peu que notre blog ait suscité en vous une envie de voyage, à la voile, à vélo, à pied, en van...l’essentiel, c’est d’y aller! En rêver d’abord, tester ensuite (une semaine, deux semaines), s’inspirer de gens qui l’ont fait, s’entourer de gens qui vont le faire et...se lancer! Il n’y a rien à regretter, même les moments durs ou les galères, ce sont d’eux dont on se rappelle, plutôt que des endroits de rêve d’ailleurs! Hasta luego amigos.