Un baptême en bonne et due forme
“Un navire qui n'a pas goûté au vin goûtera au sang” Dicton anglais
Pour éviter de connaître le même sort que le Titanic, nous nous sommes prêtés à la tradition marine de briser une bouteille de champagne sur le bateau.
Héritage d'un rite antique qui consistait à verser le sang d'un esclave sacrifié sur la proue du navire afin d'assurer la clémence des dieux en mer, c'est du vin, puis du champagne, qui se brise aujourd'hui sur l'avant des bateaux. Pour conjurer le mauvais sort, nous nous sommes pliés à l'exercice en faisant éclater triomphalement une bouteille sur l'ancre du bateau. Un moment solennel rempli d'émotions, qui officialise le changement de nom du bateau et le lancement de l'aventure. Nous espérons ainsi éloigner les mauvais esprits, même si théoriquement, nous aurions aussi dû partir en mer avec un bateau ami pour qu'il coupe trois fois le sillage de notre bateau. L'objectif? Tuer le macoui - le serpent de mer rattaché à l'ancien nom du bateau - que nous devons remplacer par un nouveau macoui! Nous nous efforcerons de corriger le tir après coup, en espérant que Neptune ne nous en tiendra pas rigueur…
Merci à nos familles et amis d'avoir fait le déplacement de Lille, d'Amiens, d'Hazebrouck, de Paris, de Lausanne et du Luxembourg! Vous êtes géniaux! Et il ne fallait pas que l'on quitte le Nord avant d'avoir testé une fricadelle-frites, tout de même…
Comment se sent-on à l'approche du départ?
Parés
La bonne nouvelle, c'est qu'on se sent prêt! Le bateau est en état de naviguer, les voiles sont à poste, le moteur fonctionne, l'équipement électrique également. Certes, il reste toujours des menus travaux à effectuer, nous pourrions toujours faire plus ou mieux,…mais tant que la sécurité est assurée, plus rien ne nous retient ici. Alors go, il faut y aller! Dès qu'une bonne fenêtre météo se présentera, nous quitterons le ponton sur lequel nous sommes amarrés. Pour trouver nos marques à bord en mer comme à terre, nous démarrerons par des navigations courtes et tranquilles. Quitter la frénésie des dernières semaines pour entrer dans un rythme plus lent, prendre confiance en le bateau et en nous, apprendre à naviguer en sécurité à deux, telles seront les priorités des premiers jours du voyage. Nous prévoyons une escale à Calais puis à Boulogne-sur-Mer pour nous faire la main tranquillement, et prendre le temps de dire au-revoir à cette région fort sympathique que nous allons quitter avec regret.
Amarrinés
Cinq jours après notre installation dans le bateau, nous sentons que nous ne sommes déjà plus autant “terriens” qu'avant, tant nos organismes s'habituent aux mouvements ondulatoires du bateau. Sonnés par le vent insistant des derniers jours, bercés par le clapot qui résonne sur la jupe arrière d'Amorgos, nous prenons peu à peu nos marques à bord, et connaissons déjà une certaine forme de dépouillement. Nous nous levons avec le soleil, testons la douche solaire dans l'espace exigu de la “salle de bains”, apprenons à ranger et nous déplacer dans notre maison flottante…c'est bien une phase de rodage que nous vivons. En tout cas, pour l'instant, nous n'avons pas le mal de mer! Le bateau est une expérience sensorielle très forte, tant les bruits et les odeurs sont omniprésents et intenses. Nous avons hâte d'atteindre l'état de fatigue qui nous rendrq indifférents à tout ce qui tape, rague sur le bateau, et aux cris des mouettes qui sont particulièrement motivées pour leur jogging de 5h30 du matin…
Epuisés…aussi ;)
Nous n'avons jamais autant travaillé qu'en année sabbatique. En dépit du caractère légèrement scandaleux de ce constat, c'est un fait: monter un projet tel un tour de l'Atlantique à la voile requiert une forte dose d'engagement physique, moral et émotionnel. Après une année à préparer le bateau et l'équipage, nous connaissons un rythme effréné depuis que nous avons arrêté nos jobs il y a un mois: déménagement de nos affaires dans un container maritime, état des lieux de l'appartement, remise à l'eau et armement du bateau, installation à bord, préparation de la fête de départ…nous vivons dans des onglets de tableau Excel et cochons chaque soir la liste des étapes accomplies! La “charge mentale” est grande, tant il faut songer à tout, d'un point de vue aussi bien matériel que logistique, en passant par l'administratif. C'est le passage obligé pour que s'ouvrent les eaux devant nous! Et quelle satisfaction d'avancer ensemble et avec d'autres dans la réalisation de ce projet…
“Life is very generous to us”
L'aventure a commencé avec la préparation, par les riches rencontres que nous avons faites: le départ n'en est que le prolongement!
Ces dernières semaines, un large panel d'émotions est venu nous habiter. Heureux, impatients, confiants, anxieux, excités, paniqués, inquiets, angoissés, fatigués, fébriles, alignés…les montagnes russes n'ont cessé de nous donner le vertige!
Si un sentiment domine tous les autres, c'est bien la RECONNAISSANCE envers tous ceux qui nous soutiennent et nous entourent dans ce projet depuis ses débuts. Qu'il s'agisse des anciens propriétaires du bateau et de leur fille avec qui nous avons noué des liens, de nos familles et amis, des anciens collègues ou encore des artisans et professionnels avec lesquels nous travaillons, nous ressentons une immense gratitude et une profonde amitié envers toutes les personnes qui nous ont envoyé messages d'encouragement, signes de soutien, attentions variées, petits et gros coups de main tout au long de l'année et aujourd'hui encore. Votre amitié nous porte : l'énergie de dingue qui nous anime, c'est aussi à vous que nous la devons!
Nous remercions tout spécialement Caroline, Guillaume, Paul, Eloi et Gauthier de Goys pour leur hospitalité et leurs nombreux coups de main qui nous permettent de partir dans les temps - qu'il était agréable de partager ces soirées avec vous et de dormir dans une vraie chambre pendant nos travaux! Nous gardons tout spécialement un souvenir ému de la brigade d'intervention spéciale des 4 ingénieurs qui ont débarqué en nous demandant de concert “comment peut-on vous aider?”. Quelle efficacité!
Un grand merci aussi à tous ceux qui nous ont aidé dans les travaux: Lily & Alexis, Adrien Fallewee, Rémy, Louis, votre générosité nous fait chaud au coeur!
Merci à nos parents qui nous ont aidés tout au long de l'année de multiples façons. Vous allez nous manquer!
Merci Alain, un de mes anciens stagiaires des Glénans, pour le développement de ce blog. Nous sommes heureux d'être ton cobaye pour son lancement!
Merci à Damien pour la fabrication des bossoires: elles nous permettront de gagner en confort pour ranger notre annexe au mouillage.
Merci à toutes les personnes de Uship et de Bleu Marine pour nous avoir accompagnés pendant ces mois où nous avons fait d'incessants allers-retours dans votre magasin et sur le chantier! Cerise sur le gâteau, nous avons été particulièrement émus par votre délicate touche d'attention en nous équipant de deux magnifiques vestes Helly Hansen!